Une langue pour tous

Une langue pour tous, un symbole d’union, la marque indélébile de nos origines mais aussi de notre histoire de liberté. Un témoin de notre voyage à travers les siècles, s’enrichissant au hasard de nos rencontres avec des autres venus d’ailleurs.

Une langue pour partager nos traditions ancestrales, pour identifier notre appartenance de castes ou nos divisions économiques, pour cimenter notre esprit communautaire. Pour créer des liens entre nous mais aussi avec les territoires qui nous entourent.

Une langue à l’image de notre identité, un reflet de notre histoire, qui éclot à l’enfance insouciante des côtes d’Afrique, pour se faire mettre la bride par les principes et l’éducation coloniale qui lui fait s’enrichir au passage de quelques vocables et d’une certaine structure.

Libérée de la tutelle imposée un temps, elle s’expose au grand jour et revendique une nouvelle place dans les visées sociales et politiques. Elle ne cesse de s’enrichir au contact des nouveaux éléments et demeure encore un outil de marginalisation.

Au lieu du vecteur rassembleur, elle est devenue la marque d’opprobre qu’il faut cacher. Elle ne fait pas le poids sur la scène internationale, il faut donc la stigmatiser. Pourtant c’est bien la langue première au coeur du plaisir comme de la souffrance profonde et vraie. C’est également le meilleur vecteur pour exprimer la frustration et la colère.

Quand sera-t-elle percue comme une ressource interne pour faire fonctionner la machine? Une langue pour tous, un outil médian pour atteindre le monde extérieur et le rendre accessible aux plus humbles. Ceux qui ont traversé la passe ont pu faire le pont, pourquoi pas ceux du dedans, avec de la bonne volonté et une certaine vision.

Une langue pour tous, un facteur commun, l’acceptation de son identité de sang mêlé et de son cheminement. Une langue pour tous…