C’est dommage que cela n’ait pas collé nous deux. Certains différends que nous n’avons pas pris le temps d’explorer, ont eu gain de cause de nos journées de félicité. Nous étions heureux pourtant, mais petit à petit, tu as commencé à te lasser de mes petits plats, de mes moues boudeuses, de ma garde robe, de mes dépenses folles et même de mes manies.
Un coût trop lourd pour ton portefeuille? Avec tes affaires diminuant, les soucis ont eu la part belle et bonjour les disputes. Je ne veux pas être contrariée. Mais plutôt cajolée, choyée, comme je l’ai toujours été. Je ne veux pas avoir à me casser la tête pour les tracas du quotidien. Mais je ne veux surtout pas me retrouver en tête à tête avec mon moi.
Toi parti, un regret, une pensée chagrine, et hop, me revoilà dans le jeu. Beaucoup de prétendants sur les rangs, ma popularité n’a pas diminuée, et je tire encore vanité de mes charmes et de mon allant.
Les leçons de mes aînées ont bien porté leurs fruits. Et même si je ne le voudrais pas, il a bien fallu que je me rende à l’évidence: je me dois de garder un rang, de sauvegarder les apparences, de faire taire les mauvaises langues et rabattre le caquet des rivales effrontées, ces fausses bonnes amies qui pensent me trouver abattues et font sembler de m’offrir une oreille compatissante.
Chez nous, on compare la femme au « cajou ». Je penche plutôt pour les matous. Il faut la souplesse, la patience, la douceur et la ruse de ces délicats minous, les minauderies et les oeillades dignes de nos ancêtres courtisanes, pour garder vivaces les élans de fièvres de nos galants.
Je ne suis pas femme qui se refuse un tel défi. Je suis pragmatique et ne prétend pas refaire le monde. Vingt fois sur le métier, je remettrai mon ouvrage. Au revoir mon cher amour, au suivant…
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