Beaucoup fuient le passé, mais de manière inattendue, il nous rattrape dans les gestes, les nouvelles rencontres. Des situations banales et parallèles dont nous ne soupçonnons guère les similitudes chez ceux-la même dont la réalité nous semble si différente de la nôtre.
Nous regardons souvent les autres de haut avec des préjugés qui nous retiennent prisonniers et nous empêchent de voir l’essentiel. Nous avons la mémoire courte parfois et sans y penser, notre manière d’agir traduit nos complexes, la résultante de notre passé colonial et d’une certaine acculturation.
Nous pouvons crier avec indignation notre nationalisme et nos grands sentiments patriotiques, mais il demeure que nous sommes loin d’une appropriation totale de notre culture et de tous ses aspects, en particulier de notre langue maternelle et des acquis culturels de nos ancêtres.
Le désir d’inclusion dans le monde extérieur ou de vivre selon les principes inculqués par celui-ci nous fait tourner le dos et rabaisser cette culture si riche qu’est la nôtre plutôt que de faire la part des choses et de reconnaître les limites et un espace d’expression à chaque aspect de notre culture.
Le « parler-francais », la chasse aux sorcières du vaudou, même les jeux de nos enfants et les modèles que nous leur offrons de nos jours, tous, sont de vivants exemples de cette autre forme de colonisation qui nous mine de l’intérieur.
Nous ne prêtons pas attentions à leurs subtiles retombées. Nous nous regorgeons d’être adeptes de la modernité mais, ironie du sort, ceux que nous prétendons copier, nous regardent également d’une certaine distance et clament à tout vent aujourd’hui, ce qu’ils murmuraient hier dans le secret sous couvert de la bienséance.
Alors que certains pays font traduire leurs documents dans notre langue maternelle pour toucher une partie de leur population issue de la nôtre, nous n’avons toujours pas embrassé cette dernière comme moyen de communication à part entière.
En pensant rire de l’autre, nous ne faisons que contribuer à l’image négative et aux préjugés que le monde extérieur a de nous. Il serait plutôt temps de réfléchir stratégiquement à nos atouts et comment les utiliser pour retourner la situation à notre avantage et sortir du bourbier.
Se croire au dessus de tout alors que l’on est bien plus mal loti que les autres parce que l’on s’ignore en tentant de devenir un autre. Critiquer ceux qui ne veulent qu’être eux-mêmes à la lumière de leurs racines et de leurs dons. L’ironie du sort: un aveugle qui rit d’un borgne…
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