Je ne t’ai jamais dit le fond de ma pensée. Encore aujourd’hui tu ignores combien de colère, de rancoeurs, de doutes, de peines tu as pu laisser en moi. C’est un fossé qui semble ne jamais pouvoir se combler. Il devrait y avoir une certaine balance entre les deux pôles de mon être, pourtant malgré de bonnes intentions, il est fort difficile d’y arriver. D’un côté, il y a l’amour inconditionnel, sans jugement, le désir unique de voir heureux, comblé. De l’autre, le silence, l’absence, l’indifférence, les mensonges, les inquisitions, les apparences, et j’en passe.
Il y a certes eu des moments, mais à côté de leur douceur, ils contribuent d’une certaine manière à renforcer le sentiment d’absence du fait de leur brièveté. Aujourd’hui ils ont un goût de fausseté ou d’hypocrisie, un peu comme un jeu de rôles, une représentation. Ma vie n’est pas une pièce de théâtre et je revendique de ne pas être un poids que l’on se balance d’un point à l’autre ou que l’on peut exploiter lorsque cela nous chante, pour des intérêts absurdes.
Je ne suis pas un fardeau que l’on peut laisser à côté du chemin pour poursuivre sa route. A dire vrai, je semble plutôt être un pépin qui n’a pu être l’objet de soins et qui fut jeté au loin. Puis un regard en arrière fait voir que le pépin est devenu un arbre chargé de fruits que tu t’empresses à savourer. Ou étais-tu donc lorsque les intempéries et le soleil me battaient à tous vents?
Lorsque je prends la somme des choses que je garde en moi, les mots que je pourrais songer à dire me manquent à chaque fois. La barrière de mes lèvres ne les laisse jamais franchir le pas. C’est peut-être la touche divine qui ne m’a pas fait défaut, ou la marque de cette éducation reçue dont tu n’as pas fait partie. J’aurais pourtant voulu trouver la force de les dire ces mots plutôt que de les laisser me ronger l’âme.Plutôt que de me mettre à ta place et de chercher à te comprendre comme toi tu n’as jamais cherché à le faire.
Je rêve de pouvoir te dire ces mots en face un jour, de ne pas me retenir. Je rêve de pouvoir laisser couler ce flot d’émotions qui me consument. La pensée positive et le désir de guérir ont beau être présents, cela n’empêche pas la peine. Bien que consciente que ce noeud m’empêche de faire bien des choses, je ne puis pas encore le défaire. Le pardon c’est bien, mais je n’en suis pas encore là. Je m’étais promise pourtant de faire le compte de mes bienfaits. Après tout, c’est mon année de gratitude.
Je suis reconnaissante pourtant à la vie. Je suis reconnaissante pour les dons que j’ai reçus et qu’il m’est donné de faire fructifier intellectuellement, physiquement, moralement, professionnellement, amicalement. Je suis reconnaissante pour la présence de certaines personnes dans ma vie, dans le passé comme dans le présent. Je suis même consciente que l’absence de certaines personnes dont la tienne, ont également grandement contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui.
Autant je célèbre cette personne que je suis et ce qu’elle peut offrir au monde, cela ne m’empêche d’avoir des blessures au fond de mon être. On dit que le temps guérit, je ne sais pas combien de temps il faudra pour panser mes plaies. Fermer ce tiroir est plus facile à dire qu’à faire. J’ai pourtant bien essayé. Mais la vie a bien des moyens de vous rappeler certaines choses que vous voulez oublier. J’en suis presqu’à me dire qu’il faut peut etre un face à face pour dire la vérité et ainsi passer à autre choses. Comment le faire lorsque l’on sait que cela ne changera rien.
Cela me donne l’impression de tourner en rond. Peut être que c’est le cas, peut être qu’il me faut de l’aide ou qu’il me faut juste fermer ce tiroir et penser à autre chose. Ce que j’essaie de faire depuis bientôt toute ma vie…J’ai envie d’arrêter les pleurs car tu ne les mérites pas. A quoi bon, tu ne comprendras jamais les ravages que tu as pu causer. Je veux juste pouvoir recoller les morceaux. Est-ce que c’est possible? Pas une grande épiphanie, juste parvenir à effectivement passer à autre chose sans ressentir un manque, un gouffre, un doute, pouvoir juste me sentir entière.
Il y a tellement d’ombres derrière un sourire…
Bien dit ma chérie 🙂
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